Un communiqué faisant désormais du président de transition le plus gradé des officiers supérieurs tchadiens, après son défunt père, a été rendu public ce jeudi à Ndjamena. 

Jonas MOULENDA

LE président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby, continue de s’arroger les pleins pouvoirs. Selon un communiqué rendu public par le gouvernement tchadien, le fils du défunt dictateur Idriss Déby se serait élevé au grade de général d’armée.

Il devient ainsi le deuxième général dans l’histoire du pays, après son père qui a dirigé le Tchad d’une main de fer de 1990 à 2021, avant de tomber au champ d’honneur face aux rebelles tchadiens. Les appétits politiques boulimiques du jeune président de transition du Tchad inquiète la classe politique. Celle-ci soupçonne le fils du despote mort en avril de vouloir s’éterniser au pouvoir.

L’opposition et la société civile ne voient pas clair dans sa démarche politique. Elles continuent d’exiger la révision de la charte de transition proposée par la junte militaire. Elles dénoncent un texte qui accorderait les pleins pouvoirs au président du Conseil militaire de transition.

Le fils de l’ancien président  concentre ainsi les pouvoirs administratifs, financiers, judiciaires, militaires et politiques. Une situation risque de paralyser la vie politique et d’empêcher toute transition démocratique. En effet, Mahamat Idriss Déby dispose des pouvoirs lui permettant de légiférer par ordonnance.

Un jeune dirigeant empégué par les friandises du pouvoir

Il nomme les membres du Conseil national de transition, l’organe législatif, et peut dissoudre en même temps cet organe. Ce ne sont pas les pouvoirs d’un président de transition. Ce sont les pouvoirs d’un président de la République. Or, Mahamat Idriss Deby n’est pas le président de la République, dénonce l’opposition tchadienne.

Les autres griefs contre la charte concernent l’absence d’une clause interdisant les dirigeants de la transition d’être candidats à la prochaine présidentielle, mais aussi la possibilité de prolongation de la transition au-delà de dix-huit mois.La société civile, à travers des marches pacifiques, continue de faire pression sur le Conseil national de transition afin  que  cette charte soit modifiée pour introduire clairement l’inéligibilité des membres du Conseil militaire de transition.

De plus, l’opposition demande que soit  très clairement fixée  la limite de la transition et en même temps mentionnée l’organisation d’une conférence nationale souveraine à l’issue de laquelle des nouvelles institutions seront mises en place. Mahamat Idriss Déby, visiblement empégué par les friandises du pouvoir, ne l’entend pas de cette oreille. Les Tchadiens ne sont donc pas sortis de l’auberge.