Envoûter la population en lui faisant avaler, à son insu, un philtre quelconque, est un grand classique de la sorcellerie au sein de la classe politique dirigeante en Afrique. De fait, certains présidents ont recours à l’envoûtement de leurs concitoyens pour préserver leur pouvoir qu’ils croient à la merci des opposants.

Pendant près de deux décennies, le dictateur congolais, Denis Sassou Nguesso a eu recours au même procédé satanique conseillé par le marabout nigérien Tandja Bachir. Aujourd’hui, c’est le despote gabonais Ali Bongo qui marche dans son sillage. Son appétence pour le fétichisme l’amènerait à envoûter son peuple à partir d’une eau mystiquement préparée.

C’est ainsi qu’ils n’hésitent pas d’inviter dans leurs palais ou leurs résidences privées des marabouts qui leur promettent d’influencer le destin. Généralement, le peuple n’a pas conscience de son état d’envoûtement. Car, la détection de l’ensorcellement n’est possible qu’au niveau des symptômes qu’il peut occasionner, telle que la résignation totale à une dictature et l’abrutissement.

L’ensorcellement politique oblige un peuple à renoncer même à ses droits les plus élémentaires, c’est donc contre sa volonté que le sort va se fixer au dirigeant qui en est à l’origine. Il s’agit d’un envoûtement des masses qui lui permet de prolonger son bail à la présidence de la République. Il peut être réalisé en utilisant n’importe quel produit consommé par la population ciblée.

Le plus redoutable est l’ensorcellement qui utilise des ingrédients comme les matières fécales et l’eau de la toilette vaginale de la femme. Car, il fait de la population la serpillère du dirigeant. D’autres féticheurs vont jusqu’à conseiller leurs clientes de procurer l’eau de la toilette des cadavres dans les morgues. Le comble est que certains ingrédients de l’envoûtement rendent la victime malade et peuvent, à terme, l’envoyer de vie à trépas.

La domination du peuple est donc une opération d’envoûtement des masses pour atteindre un objectif bien précis telle que soumission totale au tyran. De fait, le seul et unique mécanisme est la volonté qu’il faut exercer sans relâche. Plus le mental du peuple sera faible, plus facilement pourra agir l’envoûteur.

L’envoûtement politique affaiblit l’énergie du peuple pour pouvoir le soumettre. C’est une attaque au libre arbitre, l’influence sur l’énergie populaire pour qu’elle ne puisse plus contester toutes les mesures prises par les gouvernants. Souvent, il agit sur le chakra mental et le chakra du cœur. Ce qui peut provoquer une léthargie assimilable à un manque de volonté de se défaire du joug dictatorial.

Jonas MOULENDA