Le Gabon connaît une tendance à la hausse des cas de violations des droits politiques et des libertés publiques commises par le régime dictatorial d’Ali Bongo. Les lendemains de l’élection présidentielle de 2016 notamment furent marqués par une répression violente et sanglante des manifestations populaires contre le passage en force du despote.

Ces incidents ont conduit à l’exécution extrajudiciaire d’au moins trois-cents personnes. L’on note aussi de nombreux cas de menaces, d’arrestations arbitraires et d’instrumentalisation de la justice contre les opposants, les activistes de la société civile et des professionnels des médias. Cette tendance de restrictions à la liberté d’expression et d’atteintes à la sécurité de ceux qui expriment des opinions critiques concernant les actions du gouvernement, dénote un rétrécissement de l’espace démocratique susceptible d’affecter la crédibilité du processus électoral.

De fait, la relative paix observée au Gabon ne profite pas au respect de la dignité de la personne humaine et des libertés fondamentales. Les discours tenus par Ali Bongo tant au niveau international que national, présentant le Gabon comme un modèle de respect des droits et libertés fondamentales, tranchent bien avec la réalité sur le terrain. Si la démocratie est un pilier pour la jouissance des droits et libertés fondamentales, l’expérience de la démocratie gabonaise est très bancale et ne peut par conséquent favoriser cette jouissance.

Le système politique gabonais tel qu’il fonctionne ne protège pas de manière efficace et effective les droits humains, nonobstant l’existence d’un certain nombre des textes protégeant ces droits. La police, les services de renseignement ainsi que l’armée reçoivent de plus en plus de pouvoir au détriment d’un système judiciaire impartial, garant d’un vrai contrôle démocratique.

La société gabonaise se trouve embourbée dans une logique de confiscation des libertés et des droits humains. La politique du dictateur gabonais consiste toujours à empêcher systématiquement tout mouvement de manifestation pacifique perçu comme une menace à son autorité. Les atteintes à la liberté de manifestation sont légions. Il a mis en place un véritable système d’intimidation, de répression et de sanction arbitraire afin d’étouffer toute initiative d’expression du peuple.

Les citoyens gabonais sont conscients de ces agissements de la part des forces de l’ordre, mais sont fatalistes à l’idée de jouir du droit fondamental qu’est le droit de manifester. Ils ont en souvenir les violences commises au soir de la proclamation des résultats de la dernière élection présidentielle, qui réprimaient toutes les manifestations pacifiques. A cet effet, ils sont résignés, et malgré la grande précarité dans laquelle vit une majorité de Gabonais, ils s’abstiennent de s’exprimer, générant souffrance morale et crispations.

Jonas MOULENDA