Un jour, un homme prénommé Joseph, domicilié à Libreville, la capitale du Gabon, était sur le point d’aller passer ses vacances en France avec sa femme. Pour ne pas laisser son domicile à la merci des vandales, il décida d’aller prendre son cadet, Yeyeye, la trentaine, domicilié Fougamou (sud), pour en assurer la sécurité pendant son absence.

Yeyeye n’avait jamais mis les pieds à Libreville depuis sa naissance. Lorsque son aîné lui annoncé la nouvelle après son arrivée à Fougamou, le jeune homme sursauta de joie. Il avait marre d’être traité de broussard par ses congénères qui revenaient de la ville. Le voyage sur Libreville était prévu pour le lendemain matin. Toute la soirée, Yeyeye fit la tournée de grand-duc à travers la ville de Fougamou pour annoncer son départ vers la métropole.

Il fêta l’évènement au point qu’il n’eût pas assez de temps pour dormir. Au lever du jour, il présenta des arriérés de sommeil et une facture de fatigue. Dès qu’il entendit le vrombissement du moteur du véhicule son aîné – un Pick-Up une cabine- Yeyeye se tira du sommeil. Il prit son sac dans lequel il avait mis les quelques affaires qu’il possédait et couru embarquer pour Libreville.

Compte tenu de la présence de sa femme, Joseph demanda à son frère de monter à l’arrière du Pick-up où il y avait des denrées alimentaires et le pneu de secours recouvert d’une bâche. Yeyeye se fraya une place et s’y affala avant d’être englouti par le sommeil.
En chemin, un gendarme ivre en uniforme fit de l’autostop à la vue du véhicule de Joseph. Ce dernier marqua un arrêt et lui demanda à de monter à l’arrière du pick-up. Le gendarme était si ivre qu’il ne constatât pas la présence d’un autre passager à l’autre extrémité du véhicule. Il s’y allongea de son côté avant de dormir comme un loir.

La route était truffée de nids de poule, mais Joseph conduisait à toute biture. Son vol pour Paris était prévu dans la soirée. A la suite d’un brusque du véhicule dans un bourbier, Yeyeye fit une chute au sol dans la boue, mais son frère ne s’en aperçut pas à travers le rétroviseur. Le gendarme, non plus. Il dormait profondément. Le voyage continua comme si de rien n’était.

Arrivé à un carrefour dénommé Bifoun (centre), Joseph marqua un arrêt pour acheter de quoi manger. Croyant que son cadet était toujours affalé à l’arrière du véhicule, il demanda : « Yeyeye, que veux-tu manger ? » Mais personne ne lui répondit. Il posa la question une nouvelle fois, mais il n’eut pas de réponse. « Ce maboul-là doit dormir profondément », marmonna-t-il. Il détacha sa ceinture de sécurité descendit du véhicule.

Il se rendit compte que Yeyeye n’était plus là. Seul un creux marquait fidèlement sa place. Intrigué, il secoua l’agent qu’il avait pris à mi-chemin et lui demanda des explications. « Monsieur le gendarme, où est mon petit-frère ? », dit-il. Son interlocuteur se réveillé en sursaut, se frotta les yeux, et répliqua : « Quel petit-frère ? »

Alors, Joseph s’emporta et lui donna une raclée. « Es-tu fou ? Veux-tu me dire que tu n’as pas vu mon petit-frère lorsque tu as embarqué dans ma voiture. Il était bel et bien là », insista-t-il. Le gendarme bailla aux corneilles. Joseph, très en colère, fit demi-tour à la recherche de son cadet qui avait disparu du véhicule. Après plus d’un quart d’heure de route, il trouva Yeyeye debout, effaré et regardant de part et d’autre de la route.

Joseph conducteur immobilisa son véhicule devant son cadet. Il descendit et le happa avant de le jeter à l’arrière du pick-up. Il prit ensuite des élastiques et l’attacha contre les supports du véhicule. Il fit de même pour le gendarme. « Je vous attache pour que vous ne tombiez pas en route. Je vais vous apprendre à être mabouls. Monsieur le gendarme, tu vas me sentir à l’arrivée. Tu as vu mon petit-frère tomber du véhicule, mais tu ne me l’as pas signalé. »

Le gendarme qui était ivre retrouva soudainement sa lucidité. Il expliqua au conducteur qu’il n’avait ni vu son cadet ni suivi sa chute du véhicule, mais il ne voulut pas l’entendre de cette oreille. Après s’être assuré que les deux passagers étaient bien attachés, Joseph démarra sa voiture. Arrivé à Libreville, il fila droit au commissariat de police voir son aîné qui était officier supérieur.

« Grand-frère, il faut que tu enfermes ce gendarme pour non-assistance à personne en danger. Il a vu notre petit-frère tomber du véhicule, mais il ne m’a rien dit. Il faut aussi enfermer notre petit-frère. C’est un maboul ! Il tombe du véhicule et il n’a pas crié pour attirer mon attention. Les deux sont coupables », expliqua Joseph, visiblement offusqué.

Les deux passagers se retrouvèrent dans les geôles. Après s’être regardés en chien de faïence, ils commencèrent à s’expliquer sur leur sort. « Je jure que je ne t’ai pas vu lorsque j’ai embarqué », clama le gendarme. « Moi, aussi je ne t’ai pas vu monter parce que je dormais. Ce n’est pas de ta faute », répondit Yeyeye. Quelques minutes plus tard, ils furent remis en en liberté.