Farida KAIDER

LA mafia cleptomane mise en place par Ali Bongo au lendemain de son accession à la magistrature suprême a considérablement ruiné l’Etat. Cette oligarchie a été savamment orchestrée par le despote et son alter ego Maixant Accrombessi.

Pour réussir sa mission funambulesque de spolier l’Etat, le despote mafieux a mis en place un comité de trésorerie dont le président était son directeur de cabinet. Les autres membres étaient les ministres du budget, de l’Economie, le directeur du budget, directeur général des services du Trésor et le directeur général du contrôle des ressources.

Cette organisation pyramidale leur a permis de détourner plusieurs centaines de milliards de F CFA, qu’ils envoyaient ensuite dans les paradis fiscaux sur les petites îles tropicales des Caraïbes et dans les principautés de l’aristocratie européenne comme Monaco, à Dubaï, au Panama, aux îles Fidji, à Singapour, à Beyrouth, au Bahamas et en Guyane.

Ces paradis fiscaux sont apparus comme des eldorados des banques contrôlées par la mafia cleptomane, les sociétés-écrans, leur cohorte d’avocats et de comptables. De fait, Ali Bongo et ses collaborateurs mafieux ont utilisés des sociétés-écrans immatriculées en Europe, en Asie et aux Etats-Unis pour cacher et blanchir l’argent volé au Gabon.

DES CENTAINES DE MILLIARDS. Cette situation est favorisée par la souplesse de plusieurs États de ces continents. En effet, ils permettent de créer une société sans avoir à révéler l’identité de son réel ayant-droit, offrant un anonymat total qui a été utilisé par l’oligarchie gabonaise. Celle-ci a également recouru à sociétés offshore qui ont le triste privilège d’offrir la seule méthode de blanchiment d’argent où l’opacité est garantie.

Selon nos sources, le despote et ses acolytes utilisaient des sociétés-écrans et des proches pour ouvrir des comptes bancaires à l’étranger. Ils sont donc impliqués dans un énorme trafic d’enrichissement frauduleux et de blanchiment d’argent sale. Ce sont des centaines de milliards de F CFA qui ont été blanchis par des banques étrangères. Certaines manœuvres mafieuses étaient facilitées au départ du Gabon par Bgfi Bank, dirigée par un obligé d’Ali Bongo.

D’après une source proche de la présidence de la République, cette banque avait hébergé une somme de 20 milliards CFA, déposée la veille de l’élection présidentielle du 27 août 2016 par Maixant Accrombessi. Cette manne, initialement présentée comme le fonds de la campagne d’Ali Bongo, aurait ensuite pris une autre destination. « Elle a été transférée vers un compte à l’étranger ouvert par Accrombessi », explique la source, précisant que le dictateur gabonais était informé de cette transaction.

Fin juin et début juillet 2016, Maixant Accrombessi, Benjamin Ngoubou, Régis Immongault et Arnaud Engadji ont séjourné en Suisse pour huit jours. Leur mission était de brader le pétrole gabonais pour sept ans. La somme engrangée oscille à 4 00 milliards de F CFA. Le patron de la mafia, Maixant Accrombessi a viré une partie de ce magot dans les paradis fiscaux. Une autre partie l’argent aurait été blanchie par Gabon Oil Compagny.

Cette nébuleuse a prétexté acheter immeuble de 20 milliards derrière l’hôtel Radisson, à Libreville. Or, même le palais présidentiel n’a pas coûté ce montant. De toute évidence, une bonne partie de ce magot a été blanchie par l’auteur de la transaction mafieuse. « C’est une technique de blanchiment d’argent utilisée par Arnaud Engagdji. On ne sait pas pourquoi il est en liberté. La fameuse opération Mamba devait l’arrêter aussi. Il semble être protégé par Ali Bongo », renchérit une autre source.

RAPARTIEMENT DE LA MANNE. Au regard de cette oligarchie planifiée par Ali Bongo, les Gabonais pensent l’opération Mamba n’est que pure diversion, les plus grands détourneurs des fonds publics étant ses acolytes et lui-même qui ne sont nullement inquiétés par la justice. Il est patent qu’ils ont mis en place tous les canaux pour voler l’argent du contribuable. Les marchés publics étaient notamment les voies d’échappement des fonds. « Plusieurs marchés ont été chaque fois budgété mais ils n’ont pas été exécutés. C’était le cas avec les marchés de Santullo. L’argent a été détourné pour être planqué dans les paradis fiscaux », explique un fonctionnaire du Trésor public.

Aujourd’hui, les Gabonais n’ont plus que leurs yeux pour pleurer leur argent volé par l’oligarchie cleptomane d’Ali Bongo. Les analystes économiques pensent que le salut du pays ne proviendra que la chute du régime en place. Car, ce sera à ce moment que le Gabon pourra engager la procédure pour que l’argent détourné et planqué dans les paradis fiscaux retrouve le chemin des caisses de l’Etat.

Les Organisations non gouvernementales s’abstiennent d’engager la procédure pendant qu’Ali Bongo est encore au pouvoir parce que ce serait un combat perdu d’avance. Elles promettent de le faire dès la chute du tyran. Les Ong pourront également voir clair dans la colossale fortune laissée par Omar Bongo dans les paradis fiscaux. C’est donc dire qu’il y a toujours une énorme quantité d’argent qui dort dans d’autres asiles financiers.

Cet argent ne profite qu’à leurs auteurs, à leurs proches, mais aussi aux pays de destination ou d’accueil. Tout cela se fait au détriment des Gabonais toujours plongés dans l’attente d’un quotidien meilleur. L’opposition et la société civile gabonaises se doivent d’être aux avant-postes de la surveillance de l’utilisation des fonds publics. Le règne d’Ali Bongo a produit ses tares au nombre desquelles la quasi-inexistence des mécanismes de contrôle de la gouvernance sur tous les plans, politique, économique, démocratique, etc.

Il faut à présent espérer que tout cet argent enfoui dans les paradis fiscaux reviendra, d’une manière ou d’une autre, au Gabon. Ce serait un véritable cadeau du ciel pour le peuple gabonais dont les innombrables attentes sociales restent toujours à satisfaire. L’opposition et la société civile doivent donc faire du rapatriement de la manne volée leur cheval de bataille. Ne manifester aucun intérêt à cette question serait condamner le Gabon à la dèche noire et aux prêts financiers qui ne font qu’obérer la dette du pays.