Éditorial

Après son hospitalisation à Riyad, à la suite d’un accident vasculaire cérébral, il était prévu qu’Ali Bongo aille poursuivre sa rééducation à Londres, en Angleterre. Mais, le roi du Maroc, Mohamed VI a in extremis ferraillé de tout son pouvoir pour que le dictateur convalescent soit transféré à sa clinique royale à Rabat.

L’épouse du despote, Sylvia Bongo, s’est sentie si contrariée qu’elle a fait la baboune tombante, elle qui avait déjà pris toutes les dispositions pour le transfert de son époux vers Londres. Elle a finalement fait contre mauvaise fortune bon coeur. Elle a donc laissé les émissaires du roi emmener son mari au Maroc.

Depuis lors, c’est Mohamed VI qui est devenu le pater familias des Bongo et régent du Gabon. C’est lui qui détermine l’agenda d’Ali Bongo et décide de qui il doit recevoir. De fait, sa démarche procède d’une volonté de contrôler le Gabon, ses richesses et ses terres arables.

Au demeurant, Mohamed VI et son Maroc veulent gérer le Gabon comme le Polisario, qui a pourtant  proclamé, en 1976, une République arabe sahraouie démocratique (RASD) et qui  réclame l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour régler le conflit né au moment du départ des colons espagnols.

Le roi du Maroc doit respecter la souveraineté du Gabon et de son peuple 

Mais le Gabon n’est pas le Polisario que le Maroc contrôle dans les faits 80 % de ce territoire désertique de 266 000 km2 et traite comme ses dix autres provinces cette région dotée d’un millier de kilomètres de littoral atlantique poissonneux et d’un sous-sol riche en phosphates. Le Gabon est indépendant depuis le 17 août 1960. Il ne saurait devenir la 11è province du Maroc. Il ne sera pas non plus le Polisario en Afrique subsaharienne.

Que le Maroc se contente du Polisario du Sahara occidental qu’il considère comme son lopin. Quelles que soient ses accointances avec Ali Bongo, le roi Mohamed VI doit respecter la souveraineté du Gabon et de son peuple. Celui-ci a clairement affiché sa volonté de rupture lors de l’élection présidentielle du 27 août 2016. Ce choix n’est pas négociable !

Outre son imposture, Ali Bongo est désormais  inapte à gouverner, mais le roi du Maroc se montre réfractaire à  toute idée de vacance de pouvoir et de succession. Comme il rejette toute solution autre qu’une autonomie de Polisario sous sa souveraineté, invoquant la nécessité de préserver la stabilité régionale.

En réalité, Mohamed VI veut continuer de faire main basse sur l’économie gabonaise. Son pays, à travers ses holdings, est présent dans tous les pans de l’économie: banque, télécommunications, transport, mines, etc. L’or exploité à Minkebé, à Ndjolé ou à Mimongo, par exemple, profitent à la famille royale.

Ce sont tous ces privilèges qui motivent son soutien à la famille Bongo au point où il veut remettre sur ses guibolles un despote vacillant et valétudinair, à la santé corrodée par un pouvoir jouissif.  Mais le moment venu, le peuple gabonais saura dire au souverain chérifien que le Gabon n’est pas le Polisario.

Jonas MOULENDA