Depuis le 31 décembre 2016, date du début de la crise post-électorale en cours, le pays est bloqué à tous les niveaux. L’économie tourne au ralenti. Cette crise est non seulement la résultante de l’imposture d’Ali Bongo – qui a perpétré un hold-up militaro électoral pour se maintenir au pouvoir – mais aussi de l’amateurisme qu’il partage avec ses collaborateurs. Ils sont tous dénués de toute vision stratégique à même d’impulser le progrès du pays.

Jonas MOULENDA 

LE despote Ali Bongo et ses collaborateurs mafieux, incapables de diriger le pays, trouvent des boucs émissaires dans l’opposition. En fait, ils utilisent la ruse de la tortue, qui accuse la route de marcher lorsqu’elle est dépassée par la marche. Le Gabon est tombé de Charybde en Scylla par manque de vision politique et d’esprit d’innovation de leur part.  Ils font du pilotage à vue, conduisant le pays dans les abysses.

S’ils étaient mus par la volonté de transformer les rictus de peine des Gabonais en sourires de joie, ils ne passeraient pas leur temps à développer de nouvelles survivances de leur régime obsolète et corrompu. Si Ali Bongo était un président légitime et intelligent, il aurait formé gouvernement resserré, composé de femmes et d’hommes compétents d’une haute moralité et non de courtisans. Il est entendu que la réforme institutionnelle doit être sous-tendue par des objectifs stratégiques clairement définis et datés dans le temps à la fois politique pour un Etat moderne tenant compte de notre anthropologie culturelle.

L’impact de la création des nouvelles entités administratives et ministères qui cumulent les effets dépensiers car le plus gros problème relève des effectifs dans la fonction publique avec un faible niveau de qualification ayant comme effet direct l’accroissement du budget de fonctionnement la dépense publique avec la création d’emplois dans les secteurs administratifs et des emplois rentes au détriment de la création de la valeur ajoutée est intenable.

MANQUE DE VISIBILITE ET DE COHERENCE. Du fait de la rigidité de l’offre, 70% du pouvoir d’achat des  Gabonais dépendant des recettes d’hydrocarbures, il y a risque d’une hausse des prix internes, c’est-à-dire l’accélération du processus inflationniste, pénalisant les couches les plus défavorisées, compressée artificiellement par les subventions qui ne peuvent être que transitoires.

La Première ministre Rose-Christiane Ossouka Raponda brille par son incompétence.

La majorité des observateurs nationaux et internationaux constatent malheureusement que même pour les affaires courantes, la majorité des membres du gouvernement prennent peu d’initiatives , des bureaucrates aux ordres, faisant remonter les problèmes même de gestions courantes soit au niveau de la présidence de la République et surtout au niveau du Premier ministre dont d’ailleurs selon la Constitution actuelle les prérogatives sont extrêmement limitées.

Tout cela renvoie à l’urgence d’institutions crédibles reposant sur la refondation de l’Etat au moyen de mécanismes plus décentralisées qui renforceraient globalement la cohésion globale. Dans la situation actuelle, plusieurs ministères se télescopent ajoutant au manque de visibilité et de cohérence.

Par ailleurs, la fonction de ministre est d’être comme le montre les expériences des pays développés et émergents avant au contact tant de la sphère économique et sociale grâce à une communication active et cohérente. Or, la majorité des ministres ne savent pas communiquer, ne savent pas vendre ce qui a été pourtant positif versant souvent dans l’euphorie et la démagogie alors qu’une bonne communication suppose d’être mesuré étant à l’ère d’Internet.

La fonction principale d’un ministre est d’avoir une vision stratégique, de prévoir et d’agir en conséquence pouvant s’entourer de bons techniciens et experts mais ne devant jamais fuir ses responsabilités. Il est avant tout responsable de la politique générale de son Ministère, et selon la déontologie politique est responsable de toute action de ses collaborateurs positive ou négative.

RATIONNALISATION DES CHOIX BUDGETAIRES. Force est de constater une confusion des rôles, personne ne se sentant responsable, certains ignorant ou faisant semblant d’ignorer le fonctionnement de leur secteur. Et en cas de mauvaise gestion ou de scandales financiers relatés par la presse, les gouvernants font retomber toute la responsabilité sur leurs collaborateurs, expliquant d’ailleurs la démotivation de la majorité des cadres. Or, la responsabilité est collective.

Le coordonnateur général des affaires présidentielles, Nourredin Bongo, est un blanc-bec.

Combien d’expériences montent qu’un gouvernement n’est pas fait pour être obligatoirement populaire, mais doit avoir une vision stratégique d’optimalisation de la fonction objective stratégique ? Le Gabon a intérêt à de réaliser la transition d’une économie totalement rentière à une production et exportation hors hydrocarbures de segments productifs au sein des valeurs internationales en déclin.

Certes, l’on doit concilier efficacité économique et une profonde justice sociale mais sans populisme, une nation ne partageant en principe que ce qui a été préalablement produit, la rente des hydrocarbures donnant des taux de croissance, de chômage et d’inflation biaisés.  Malheureusement, nous assistons à cette faiblesse de vision stratégique à travers des contradictions dans la communication du gouvernement des putschistes.

Si Ali Bongo était un président légitime et intelligent, il privilégierait l’intérêt supérieur de la nation, l’efficacité et non la distribution de postes de ministres s’assimilant à des récompenses au moyen de la distribution de rente. Car, au moment où dans la majorité des pays, la rationalisation des choix budgétaires se généralise, le Gabon continue à créer des emplois rentes-administratifs en accroissant la dépense publique par la création de nouveaux ministères et de nouvelles entités budgétivores.

Il y a urgence de rationaliser la dépense publique et notamment par un regroupement des ministères. Cette réorganisation devient plus que nécessaire pour des raisons d’économies de gestion et d’efficience gouvernementale. L’État doit réduire son train de vie, donner l’exemple de rigueur, éviter en cette période de crise des dépenses inutiles de prestige sans impacts véritables sur le devenir économique du pays et donc sur l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens.

DEMONOPOLISATION. Un regroupement des ambassades, fors pour des pays avec qui le Gabon entretient d’importantes relations commerciales, devrait rentrer dans cette réorganisation. En outre, les directions de nouvelles entités qui sont budgétivores devront être regroupées en adéquation avec ceux des ministères. Comme c’est en accordant la priorité à la connaissance que les politiques publiques apporteront des réponses à la pauvreté, à la fois rurale et urbaine, et surtout à l’évolution du chômage, la création d’un grand ministère de l’Education nationale et de la recherche scientifique s’impose pour la revalorisation des compétences.

Les Gabonais n’attendent plus rien de leurs dirigeants mafieux.

Si Ali bongo était un président légitime et intelligent, le ministère des Finances devrait être couplé avec le ministère du Commerce et le ministère des Investissements avec ceux du tourisme et l’artisanat, de l’Industrie, de la PMI /PME tout en lui rattachant les Mines, segment stratégique de la relance industrielle. Le défi majeur du 21è siècle étant celui de l’eau, dont celui du dessalement de l’eau de mer dont la base est le gaz, au ministère clef celui de l’Energie, il y aurait lieu de lui adjoindre celui des Ressources en eau tout en impulsant l’industrie pétrochimique, en partenariat avec les firmes internationales.

Les différentes agences chargées de l’investissement qui se télescopent et qui sont loin d’avoir répondu aux attentes des pouvoirs publics malgré de nombreux avantages accordés devront être rattachés à un seul ministère pour plus de cohérence. Concernant la privatisation en panne, complémentaire à la démonopolisation, il est nécessaire de créer une grande agence de privatisation relativement autonome, ayant une mission transitoire composée d’experts de haut niveau, sous l’égide du chef de gouvernement.

Avec l’effritement du système d’information, avec des données contradictoires d’un Ministère à un autre, la priorité devant être donnée à la création d’une structure stratégique un département de la planification et de la prospective, structure indépendante afin d ‘éviter la manipulation des données à des fins politiques, relevant soit du chef du gouvernement ou du président de la République.