Denise Mekamne, ministre de la Santé dans le gouvernement gabonais, a créé une société de transport et de l’accompagnement funéraires, qui voue désormais une concurrence déloyale aux pompes funèbres qui ont pignon sur rue. La promotrice de la funeste entreprise ambitionnerait de mettre le grappin sur les morgues des hôpitaux publics du pays.

Jonas MOULENDA

C’EST un secret de polichinelle : les ministres du dictateur gabonais, Ali Bongo, sont de véreux commerçants. Ils profitent souvent de leur position pour créer des holdings dans le dessein de s’enrichir, se mettant ainsi à porte à faux avec la loi qu’ils sont censés respecter.

Le ministre de la Santé, Denise Mekamne, native de Ndjolé, le chef-lieu du département de l’Abanga-Bigne, dans la province du Moyen-Ogooué (centre), n’échappe pas au délit d’initié. Elle a créé une société de transport funéraire baptisée Transport funéraire Mekamne & Fils. Pour ne pas attirer l’attention des gardiens de la morale publique qui ferraillent contre les délits d’initiés, son nom Mekamne n’apparait pas entièrement sur les documents officiels.

Une autorisation provisoire de circuler délivré à un des trois corbillards.

Le ministre-commerçant s’est limitée à y aligner « M », la première lettre de son nom de famille. Selon une source proche du ministère de la Santé, sa société dispose déjà de trois corbillards dont deux bus de marque Hyundai. Un de ces véhicules, a rapporté la source, a fait l’accident dernièrement dans le périmètre urbain. Il se trouve en réparation chez le concessionnaire à la zone industrielle d’Oloumi, dans le 5ème arrondissement de Libreville.

Les corbillards guettent le moindre mort dans les hôpitaux de Libreville

A en croire une source proche du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Libreville, la plus grande structure sanitaire de la capitale gabonaise, c’est dans les parkings des hôpitaux publics de cette ville, d’Owendo et d’Akanda qu’étaient garés, jusqu’à un passé récent, les fameux corbillards du véreux ministre de la Santé. Tels des charognards, ils guettaient le moindre décès pour se proposer à escorter la dépouille dans les pompes funèbres, au prix de 55 000 F CFA le déplacement intra-muros.

Les responsables de ces unités sanitaires, manifestement de connivence avec la promotrice de TFM, ne laissaient presque pas le choix à la famille du mort d’appeler les corbillards des sociétés de sépulture Saaf, Gabosep ou Casepga. Devant cette concurrence déloyale, les patrons de ces sociétés ont crié au scandale. C’est à la suite ces récriminations que Denise Mekamne a retiré ses corbillards des hôpitaux publics pour les garer au siège de sa société, sis à côté de l’immeuble Air France, en ville.

Denise Mekamne veut confier la gestion des morgues des hôpitaux publics à sa société

Selon une source proche du ministère de la Santé, Denise Mekamne remuerait ciel et terre pour obtenir, à partir de sa société, la gestion de toutes les morgues des hôpitaux publics du Gabon. Pâlissant de jalousie devant les chiffres d’affaires réalisés par les maisons de sépulture qui ont pignon sur rue, le ministre-commerçant de la Santé est sur le point d’ouvrir une morgue à Ndjolé. « Elle a créé une véritable mafia depuis qu’elle est ministre de la Santé », a dénoncé un technicien supérieur de santé.

A travers son projet de gestion des morgues des hôpitaux publics, Denise Mekamne voudrait mettre fin à l’hégémonie des pompes funèbres implantées au Gabon depuis des décennies. Le ministre de la Santé est d’ailleurs sur le point de créer une morgue dans la ville de Ndjolé pour concurrencer la société Pompes funèbres du Moyen-Ogooué (Pofumo), basée à Lambaréné, le chef-lieu de cette province.

Elle réalise que le transport et l’accompagnement funéraires sont un business qui rapporte gros, à cause du taux de mortalité qui va crescendo au Gabon. De là, à prier qu’il y ait davantage de morts au Gabon, il n’y a qu’un pas que la profito-situationniste et cynique  Denise Mekamne pourrait vite franchir.