En 2017, l’État gabonais avait signé une convention avec le groupe marocain CIMAF pour l’approvisionnement du marché local en ciment.  Au regard des résultats satisfaisants de la filiale du royaume chérifien,  cette convention devait être renouvelée avant son expiration le 19 juillet dernier. Mais le chef du gouvernement et son ministre du Commerce, connus pour leur mercantilisme, en ont décidé autrement.

Jonas MOULENDA

LE Premier ministre gabonais, Julien Nkoghe Bekale, et son ministre de commerce, Jean-Marie Ogandaga, sont résolus à capter le grisbi dans tous les secteurs économiques du pays.

Selon une source proche du ministère du Commerce, le chef du gouvernement et son collaborateur auraient fait un deal avec des opérateurs économiques pour l’approvisionnement du marché local en ciment.

Pour réussir leur manœuvre dolosive aux desseins inavoués, ils n’ont pas renouvelé la convention de deux ans, signée en 2017 entre l’Etat gabonais et le groupe marocain Ciment de l’Afrique (CIMAF).

Pourtant, Julien Nkoghe Bekale avait d’abord instruit Jean-Marie Ogandaga, alors ministre de l’Economie, et David Mbadinga, ancien ministre du Commerce de renouveler cette convention, signée à l’époque par Régis Immongault et Madeleine Berre, à l’époque où ces occupaient les deux ministères concernés par la question.

Mais, le Premier ministre et son acolyte Ogandaga n’ont pas tenu la promesse faite à Malik Sefrioui, vice-président du groupe, Salim Kaddouri, directeur général régional et Alain Ayoune Origuinowet directeur général adjoint de CIMAF Gabon.

Le Premier ministre gabonais avait donné de vaines assurances aux responsables de CIMAF quant au renouvellement de la convention signée en 2017.

Les trois responsables du groupe marocain spécialisé dans la production de ciment, présent au Gabon depuis juin 2016, étaient allés annoncer au Premier ministre leur intention de procéder, dans un proche avenir, à l’augmentation de leur production grâce à la mise en service d’une nouvelle usine de clinker à Ntoum, le chef-lieu du département du Komo-Mondah, dans la province de l’Estuaire.

Julien Nkoghe Bekale et Jean-Marie Ogandaga forment un tandem mafieux préjudiciable à l’économie nationale 

Ce projet ambitieux nécessitait un investissement de l’ordre de 65 milliards de F CFA (cent millions d’euros). Il visait l’augmentation de la production de ciment au Gabon et devrait générer plus de cinq cents emplois directs.

Contre toute attente, le Premier ministre et le ministre du Commerce n’ont plus renouvelé la convention avec CIMAF, arguant d’une pénurie de ciment au Gabon.

Un argument balayé d’un revers de la main par les vendeurs de ce matériau de construction. La production et les ventes de ciment ont progressé respectivement de 42,7% à 487 011 tonnes et de 43,6% à 488 324 tonnes, selon les chiffres officiels des autorités gabonaises.

Nkoghe Bekale et Ogandaga ont dribblé même Ali Bongo qui avait inauguré l’usine de CIMAF.

La consolidation des performances de Cimaf et la reprise d’activité de Cimgabon ont fortement contribué à booster la production, dans un contexte marqué par un meilleur approvisionnement de l’usine en clinker dont les importations ont progressé de 15,8%.

En réalité, le non-renouvellement de la convention signée avec CIMAF procède d’une volonté de Julien Nkoghe Bekale et Jean-Marie Ogandaga de laisser le marché libre à des opérateurs avec lesquels ils ont fait un deal pour se faire du beurre.

En agissant de la sorte, Julien Nkoghe Bekale et Jean-Marie Ogandaga, connus pour leurs manœuvres mafieuses, sont allés à l’encontre de la volonté de leurs mentors, Ali Bongo et Brice Laccruche Alihanga, qui avaient vu, dans le projet de CIMAF Gabon, une opportunité de résorber le chômage des jeunes.