Le loyer mensuel de la fille aînée du dictateur gabonais est payé par la présidence de la République, via les comptes secrets de l’institution, domiciliés au Trésor public.

Jonas MOULENDA

La crise ne concerne pas Ali Bongo et sa famille. Pendant que les Gabonais tirent le diable par la queue, Malika Bongo, fille aînée du despote, continue à se la couler douce. Elle est nourrie et blanchie aux frais du contribuable gabonais, alors qu’elle n’a aucune fonction qui justifierait sa prise en charge par l’Etat.

Depuis 2012, son père lui loue la villa Sébé II, propriété du couple franco-gabonais David et Florence Roux. La ville huppée est située à la Sablière, à quelques mètres de l’hôtel Onomo. Coût du loyer mensuel : 8 235 294 F CFA par mois, payés par le Trésor public, via les comptes de la présidence de la République.

Le protype de villa louée par la fille du despote

En 2016, Malika accusait déjà un an d’arriérés de loyers. Son bailleur, le Français David Roux – directeur général d’Assala Petroleum, associé au palais et un fond américain, Carlyle, dans le rachat des actifs de Shell et désormais ceux de Total dans Rabi Kounga –  a profité de ses relations avec Frédéric Bongo, frère cadet du dictateur et patron du service de renseignement, pour obtenir les loyers impayés depuis plus d’un an, ainsi qu’une avance sur un trimestre, soit une somme de plus 120 millions de F CFA. Une transaction qui avait reçu le blanc-seing d’Ali Bongo.

En réalité, la villa du couple Roux n’était pas le logement prévu pour la fille aînée du dictateur gabonais. Après son accession à la magistrature suprême, le dictateur gabonais avait acheté, pour Malika, une villa située dans le quartier huppé de La Sablière à Libreville, jadis propriété de sa défunte sœur Albertine Amissa Bongo. Le coût de l’acquisition était évalué à 5 milliards F CFA et la vendeuse n’était autre que sa mère Joséphine Nkama Dabany.

GATERIES. Mais à la dernière minute, Malika Bongo avait renoncé à s’installer dans la propriété, préférant transformer une partie de la villa en bureau privé, et l’autre en siège du comité d’organisation Miss Gabon dont elle fut marraine. « Son père lui avait dit qu’aucun homme ne pouvait accepter d’aller vivre avec une femme dans une si grande villa. Au lieu d’y habiter, elle y a plutôt installé le bureau de Miss Gabon dont elle était marraine », a expliqué une source proche de la famille Bongo.

Malika est l’enfant du dictateur qui tire le plus de profit du règne de son père.

La fille aînée du dictateur est connue pour ses gâteries. Véhicules de luxe, voyages en première classe, sacs remplis de billets: la vie de Malika Bongo est un véritable film. De Libreville à Paris, en passant par Los Angeles, Miami et Londres, elle vit comme une princesse. Malheureusement, ses folies de grandeur sont souvent payées rubis sur ongle par la présidence de la République, donc avec l’argent du contribuable.

Malika Bongo est en réalité celle qui tire le plus de profit de la présence de son père à la tête de l’Etat. Elle s’engraisse pendant que les quelque 1.800 000 habitants du Gabon croupissent dans une pauvreté endémique. La fille aînée du despote détiendrait également des capitaux dans la plupart des sociétés de bâtiments et travaux publics installées dans le pays. Une boulimie de pouvoir couplée à une orgie consommatrice.