Durant le premier septennat du despote gabonais Ali Bongo, ce Béninois d’une cinquantaine d’années fut le vrai dirigeant du Gabon. Mû par des appétits pécuniaires boulimiques, il a avait instauré une mafia dans tous les secteurs de l’économie nationale pour capter le grisbi. En même temps, il avait mis en place un cartel de dépeceurs d’hommes pour commettre des assassinats avec prélèvement d’organes, pompeusement appelés « crimes rituels. »

Jonas MOULENDA

LE limogeage de Maixant Accrombessi du palais présidentiel où il occupait les fonctions de Haut-représentant personnel du président de la République a été vivement salué par les Gabonais qui le percevaient comme un ogre du fait de ses pratiques fétichistes ayant recours aux sacrifices humains.

D’après nos investigations, le réseau de crimes rituels qu’il a mis en place après sa nomination au poste de directeur de cabinet du chef de l’état a fait dépecer près de 1500 personnes à travers le Gabon entre 2009 et 2016.  Pis, il aurait sacrifié 12 Albinos lors d’un rituel officié au Bénin en 2012 à l’intention de son mentor politique.

Le gourou béninois utilisait du sang humain pour fabriquer ses amulettes. Ici, un bidon retrouvé chez des membres de son réseau criminel.

De fait, le prestidigitateur béninois avait convaincu Ali Bongo qu’il avait le pouvoir de forcer le destin en favorisant une longévité politique. Pour lui, le sacrifice humain est un mode de communication entre les hommes et les dieux, un échange entre les hommes qui font leurs offrandes et les dieux qui les reçoivent.

Les crimes rituels étaient commandités par Accrombessi pour des besoins fétichistes

C’est ainsi que le pouvoir gabonais a eu recours à des pratiques sadiques intégrant le trafic d’organes humains. C’était Alfred Edmond Nziengui Madoungou, alias V MAD, proche d’Accrombessi, qui était chargé de faire exécuter des citoyens à travers le Gabon qu’il parcourait régulièrement à bord de véhicules rutilants.

Alfred Edmond Nziengui Madoungou, le patron des crimes rituels sous Accrombessi.

D’après nos investigations, le rastaquouère béninois passait des commandes d’organes humains en fonction des enjeux mystico-spirituels. Une fois les desiderata exprimés, Nziengui Madoungou – qu’il avait nommé conseiller politique du président de la République – déployait ses  lieutenants dans des zones où la capture de proies semble aisée.

Pour un meilleur déploiement des prédateurs d’organes humains sur le terrain,  V MAD s’était doté d’un impressionnant parc automobile digne d’une société de transport terrestre. «La seule différence c’est qu’il dispose de marques les plus chères sur le marché de l’automobile », explique la source, précisant qu’Alfred Edmond Nziengui Madoungou était parfois contraint de garer certains de ses véhicules chez des voisins, faute de place dans sa concession.

Parmi ses véhicules de missions funambulesques, l’on dénombrait un minibus de couleur bleue sombre, destiné au transport des victimes vers les camps de déportation et de dépeçage. Presque tous les véhicules de l’ex-conseiller d’Ali Bongo portent des laissez-passer de la présidence de la République.

Ils n’étaient jamais interceptés dans les  postes de contrôle érigés sur les différentes routes du Gabon. Toute chose qui permettait aux dépeceurs d’hommes de transporter librement les glacières d’organes humains des camps de dépeçage vers Libreville où elles sont ensuite livrées à Maixant Accrombessi.

Il avait également instauré une grande mafia qui a sphonné les finances publiques

Outre le millier d’assassinats avec prélèvement d’organes commandités, Accrombessi à, en même temps, pillé les caisses de l’Etat gabonais. Pour réussir ses manœuvres déloyales aux desseins inavoués, le gourou connu pour son salmigondis de dévotion et de péché, avait déplacé le coffre-fort du Trésor public à la présidence de la République. Il s’était fait un salaire mensuel de 75 millions de F CFA. Or, ses prédécesseurs  n’avaient droit qu’à 20 millions de F CFA par mois.

Il avait introduit dans les arcanes du pouvoir son beau-frère Jean-Fidèle Otadandault. C’est lui qui a fait en sorte que l’audit des finances publiques, financé à 5 milliards de F CFA par l’Etat gabonais, soit confié au cabinet créé depuis Paris par son protégé.

Jean-Fidèle Otandault, un des acolytes du rastaquouère.

Aussi, le kleptomane béninois avait-il suggéré à Ali Bongo et obtenu de lui la mise en place un comité de trésorerie dont le président était lui-même. Les autres membres étaient les ministres du budget, de l’Economie, le directeur du budget, directeur général des services du Trésor et le directeur général du contrôle des ressources.

Cette organisation pyramidale lui a permis de détourner plusieurs centaines de milliards de F CFA, qu’il envoyait ensuite dans les paradis fiscaux sur les petites îles tropicales des Caraïbes  et dans les principautés de l’aristocratie européenne comme Monaco, à Dubaï, au Panama, aux îles Fidji, à Singapour, à Beyrouth, au Bahamas et en Guyane.

Le mafioso béninois utilisait des sociétés-écrans immatriculées en Europe, en Asie et aux Etats-Unis pour cacher  et blanchir l’argent volé au Gabon. Cette situation a été favorisée par la souplesse de plusieurs États de ces continents. En effet, ils permettent de créer une société sans avoir à révéler l’identité de son réel ayant-droit, offrant un anonymat total qui a été utilisé par la mafia du gourou d’Ali Bongo.

L’argent volé a été planqué dans les paradis fiscaux 

Il a également recouru à sociétés offshore qui ont le triste privilège d’offrir la seule méthode de blanchiment d’argent où l’opacité est garantie. Accrombessi utilisait des sociétés-écrans de ses proches pour ouvrir des comptes bancaires à l’étranger. Il est donc impliqué dans un énorme trafic d’enrichissement frauduleux et de blanchiment d’argent sale.

Au demeurant, ce sont des centaines de milliards de F CFA qui ont été blanchis par des banques étrangères. Certaines manœuvres mafieuses étaient facilitées au départ du Gabon  par des entités financières, dirigées par des obligés de Maixant Accrombi.

L’argent du Gabon est passé principalement dans les comptes de Maixant Accrombessi.

D’après une source proche de la présidence de la République,  BGFI-Bank avait hébergé une somme de 200 000 milliards CFA, déposée la veille de l’élection présidentielle du 27 août 2016 par Maixant Accrombessi. Cette manne, initialement présentée comme le fonds de la campagne d’Ali Bongo, aurait ensuite pris une autre destination. « Elle a été transférée vers un compte à l’étranger ouvert par Accrombessi », explique la source.

Fin juin et début juillet 2016, Maixant Accrombessi, Benjamin Ngoubou, Régis Immongault et Arnaud Engadji avaient séjourné en Suisse pour huit jours. Leur mission était de brader le pétrole gabonais pour sept ans. La somme engrangée oscille à 4 00 milliards de F CFA. Le patron de la mafia, Maixant Accrombessi a viré une partie de ce magot dans les paradis fiscaux. Une autre partie l’argent aurait été blanchie par Gabon Oil Compagny.

Cette nébuleuse a prétexté acheter immeuble de 20 milliards derrière l’hôtel Radisson, à Libreville. Or, même le palais présidentiel n’a pas coûté ce montant. De toute évidence, une bonne partie de ce magot a été blanchie par le gang du rastaquouère béninois.