A la faveur du conseil des ministres de jeudi dernier, l’aide camp personnel d’Ali Bongo a été nommé attaché militaire à l’ambassade du Gabon en Belgique. Une affectation disciplinaire demandée par le directeur de cabinet du tyran.

Jonas MOULENDA

IL est finalement l’homme le plus puissant du sérail présidentiel. Après Maixant Accrombessi, Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet d’Ali Bongo, est désormais celui qui fait et défait les hommes autour du despote gabonais.

Après avoir réussi à virer du cabinet présidentiel le sud-coréen Sang-chul Park, 63 ans, qui assurait la sécurité du tyran depuis plus de vingt décennies, Brice Laccruche Alihanga vient d’éloigner un autre securocrate d’Ali Bongo. Il s’agit d’Assène Emvahou, un des hommes de main du dictateur valétudinaire.

Téké de pure souche, initié au rite Ndjobi, ce militaire formé en Belgique a été nommé attaché militaire du Gabon à l’ambassadeur du Gabon à Bruxelles, lors du dernier conseil des ministres. Selon certaines indiscrétions, Emvahou était en rupture de ban avec Brice Laccruche Alihanga depuis l’accident vasculaire cérébral dont a été victime Ali Bongo le 24 octobre 2018 à Ryad, en Arabie Saoudite.

Le nettoyage autour du despote se poursuit

Avec Fréderic Bongo, demi-frère du dictateur et patron du service de renseignement de la présidence de la République, il s’était farouchement opposé au transfert d’Ali Bongo à Londres (Angleterre), proposé par la première dame Sylvia Bongo. Il aurait refusé de remettre à cette dernière le téléphone de son époux.

Le départ d’Arsène Emvahou fragilise Frédéric Bongo 

C’est probablement pour lui faire payer son outrecuidance que Sylvia Bongo et Brice Laccruche Alihanga l’ont dégagé du cabinet présidentiel, avec le blanc-seing du despote. Frédéric Bongo perd ainsi un grand allié dans son lobby contre les satrapes qui contrôlent désormais les leviers du pouvoir depuis la maladie de son frère aîné.

Va-t-il continuer sa fronde contre Brice Laccruche Alihanga et Sylvia Bongo, au risque d’être éjecté de son poste ? Rien n’est moins sûr. Quoi qu’il soit, il se trouve aujourd’hui fragilisé avec l’éloignement de son alter ego. Avant celui-ci, c’est le Shebab Liban Soleiman qui avait été envoyé comme ambassadeur du Gabon en Arabie Saoudite.

Ce nettoyage viserait à baliser la voie d’une succession dynastique 

Mais il n’a pas encore pris ses fonctions dans ce pays, Ali Bongo n’ayant toujours pas signé sa lettre d’accréditation. Il baguenaude entre Londres , Paris et d’autres capitales occidentales. Liban Soleiman craindrait de retourner au Gabon régulariser sa situation, au risque de se heurter à Brice Laccruche Alihanga qu’il vilipendrait par l’entremise de certains activistes à sa solde.

Accrombessi, Park et Liban Soleiman sont tombés avant Arsène Emvahou.

Le cabri devenant intelligent à l’endroit où on dépèce l’antilope, Frédéric Bongo pourrait bien prendre des précautions pour ne pas subir le même sort que ses alliés. Déjà, son ami, Bernard Nyamakala, dit Berni, directeur général adjoint de la direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI), a fumé le calumet de la paix avec Brice Laccruche Alihanga, à la demande du tyran.

Tous ceux qui étaient perçus comme les anges gardiens d’Ali Bongo tombent les uns après les autres. Un nettoyage qui n’est pas dénué d’arrière-pensées. Dans les couloirs du palais présidentiel à Libreville,  il se susurre que Sylvia Bongo et son protégé Brice Laccruche Alihanga balaient progressivement le chemin à Nourredine Bongo, fils aîné du despote, pour une prise de pouvoir après son père.