La nouvelle année qui a commencé lundi s’annonce déjà politiquement très difficile pour le Gabon. Le pays aborde désormais un virage à grands risques. La dégradation de la santé du despote est un boulevard de l’instabilité.

Jonas MOULENDA 

Les grosses grappes de nimbaustratus qui s’amoncèlent au-dessus du Gabon pourraient être le présage d’un avenir sombre pour ce petit pays d’Afrique centrale. La maintien au pouvoir à tout prix d’Ali Bongo nonobstant la diminution de ses capacités physiques et intellectuelles ne sont pas sans conséquences.

Le refus de la Cour constitutionnelle de déclarer la vacance du pouvoir cristallise les tensions dans les états-majors politiques et au sein de la société civile. De fait, les Gabonais ne décolèrent pas depuis les violences post-électorales qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de civils.

Cette répression sanglante des manifestants contre le coup d’état électoral a été suivie de plusieurs arrestations arbitraires dans la capitale et provinces. Ce qui n’est pas de nature à faciliter la réconciliation nationale, nonobstant le simulacre de dialogue voulu et convoqué par l’imposteur d’Ali Bongo.

Le pays encourt le risque d’un conflit entre le peuple et l’oligarchie cleptomanie en place

Avec le coup le maintien au pouvoir du despote valétudinaire , la tension risque de ne pas baisser, les nombreuses lubies du régime en place. Au regard de ce décorum, il est patent que le Gabon connaîtra une année difficile, marquée par un conflit ouvert entre le peuple et l’oligarchie qui ne veut pas perdre son bifteck.

La non déclaration de la vacance du pouvoir pourrait à terme nuire à la paix sociale.

Après un septennat des folies dispendieuses, l’euphorie a laissé place à la dure réalité. Le Gabon est devenu un des pays les plus pauvres du monde où tout est à revoir. Le règne d’Ali Bongo n’a pas satisfait les attentes de la population au cours de l’année 2018. Son le bilan est calamiteux. En 2019 les Gabonais n’espèrent rien de lui. Car, il a brisé de nombreux rêves.

Tout ce que ces derniers souhaitent est qu’il dégage avec ses piranhas aux dents aiguisées et qui dévorent tout à leur passage.  Le chômage des jeunes a atteint le pic de 31%. Le pays est toujours privé de routes, d’écoles et des hôpitaux. Dans les maternités, de nombreuses parturientes accouchent à même le sol, dans des salles où règne une chaleur étouffante empreinte d’une odeur âcre de salpêtre.

Cette situation ira crescendo en 2018. Car, le pays connaît l’une de ses plus graves crises financières à cause de la gabegie entretenue par le régime d’Ali Bongo. Les bailleurs de font plus confiance au cénacle en place à cause de sa cleptomanie. La baisse drastique de la production pétrolière va se faire sentir en 2019 et pourrait annihiler les succès constatés en matière de croissance économique ces dernières années.

Confronté à la récession, le gouvernement des putschistes opérera des coupes franches dans le nouveau budget, en nette baisse par rapport celui de l’année précédente. Même l’armée, le seul secteur jusque-là épargné, qui absorbe environ 50% du budget, au détriment des secteurs éducatifs et hospitaliers, pourrait être touchée. D’ailleurs, l’oligarchie a déjà commencé à ‘’bouffer’’ les cotisations mensuelles des forces de sécurité et de défense.

Le gouvernement des putschistes arnaque les militaires 

Le Trésor public retire mensuellement entre 40 et 50 mille F CFA à chaque policier, gendarme et militaire pour l’assurance vie. Mais cet argent n’est pas reversé à l’assureur qu’est Nsia Gabon. A l’échéance du 27 avril 2015, la somme non reversée s’élevait à 424. 961.994 F CFA. Cette dette aurait doublé à ce jour. L’argent ponctionnée sert à répondre à d’autres besoins.

La junte au pouvoir arnaque les militaires.

De fait, la junte au pouvoir fait du saupoudrage pour éviter un soulèvement populaire qui le balayerait. Mais qu’en serait-il en 2019 lorsque tous les puits d’argent seront asséchés ? La population subit déjà une inflation galopante, notamment celle des prix des denrées alimentaires, faisant craindre une révolte populaire.

Nul n’est fondé à exiger du peuple gabonais qu’il contribue par son attitude digne à préserver la paix civile, pendant que dans le même temps la junte se livre, d’une part impunément à des atteintes à la dignité humaine, à des exactions contre des militants politiques pacifiques et non-violents ; et d’autre part qu’il spolie ce même peuple.

Au demeurant, Ali Bongo doit choisir entre sa santé et le pouvoir. Une obstination de sa part pourrait lui être fatale. Car, il n’est pas à l’abri d’un autre accident vasculaire cérébral (AVC) qui sonnerait sa fin. Tout le monde s’accorde à dire que seul son retrait du pouvoir pourrait désamorcer la bombe sociale dur le point d’exploser.