Cette nouvelle escroquerie a reçu le blanc-seing du despote Ali Bongo et de son gouvernement, déterminés à ruiner davantage le pays.
Jonas MOULENDA
L’HOMME de la rue n’en croirait pas à ses oreilles. Le Trésor public gabonais a décaissé une somme de 4,2 milliards de F CFA pour l’organisation des concerts « Gabon Neuf » provinces, qui se sont achevés mercredi soir à Libreville.
Selon une source proche du Trésor public, le magot aurait été versé à Mayena Productions, structure de Nourredine Bongo, fils du dictateur Ali Bongo. Le fils du tyran, pour réussir l’évènement, aurait fait recours à des spécialistes français de l’évènementiel. Toute chose qui a obéré les charges du comité d’organisation de Gabon « 9 Provinces.»
Une partie de l’argent débloqué par le Trésor public était destiné aux cachets des artistes, à la l’hébergement des invités et aux per diem des membres des organisateurs des concerts. « En fait, c’était la fêtes des cultures bis. C’était une nouvelle escroquerie qui a coûté cher à l’Etat gabonais en pleine crise économique », explique un haut fonctionnaire du ministère de la Culture, précisant que le premier responsable de ce département ministériel, Alain-Claude Billie-By-Nze fait partie des cerveaux de cette arnaque.
En donnant son quitus pour l’organisation d’un évènement dispendieux, le dictateur Ali Bongo a privilégié les divertissements, au détriment des agents publics soumis à la cure d’austérité. Au demeurant, le despote et les thuriféraires de son régime obsolète et corrompu ne se soucient pas du bien-être des Gabonais. Ils poursuivent leurs folies dispendieuses, alors que tous les clignotants sont au rouge. Ces dernières années, l’Etat gabonais fait systématiquement recours aux emprunts obligataires.
DETTE SOUVERAINE. Libreville a émis deux emprunts obligataires sur le marché sous-régional d’Afrique centrale, d’un montant cumulé de 184,6 milliards de F CFA. Sur les marchés mondiaux, le Gabon a levé jusqu’à 3 milliards de dollars en eurobonds (obligations internationales), à travers trois opérations en 2007, 2013 et 2015.
Frappé par la chute des cours du pétrole, le Gabon a vu son taux de croissance baisser à 4 % en 2015. Il devrait être de 3,2 % cette année, selon le FMI. Le pays a même vu la note de sa dette souveraine abaissée de « Ba3 » à « B1 » par l’agence Moody’s. L’agence estime que le pays fera défaut prochainement sur son Eurobond (emprunt obligataire placé auprès d’investisseurs internationaux) et pourrait rester en défaut pour une période prolongée. A l’allure où vont les choses, il est à parier que la période de grâce dont dispose le Gabon pour payer les intérêts sur ses obligations expirera sans qu’il n’honore ses engagements, Ali Bongo et ses acolytes continuant à dilapider les fonds publics pour des prunes.
Récemment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD) ont consenti des prêts respectifs de 67 milliards et 41 milliards de F CFA au Gabon qui vit désormais à crédit. Mais au lieu de servir aux besoins exprimés par le gouvernement des putschistes, cet argent permet plutôt aux putschistes de continuer de mener leur grand train de vie et de divertir le peuple par le biais des fêtes foraines.